Veillée Pascal : homélie du P. Jean-Marie PETITCLERC, sdb

Veillée Pascal : homélie du P. Jean-Marie PETITCLERC, sdb

Qu’il fait bon, frère et sœurs, de réentendre ensemble, en ce petit matin, cette rumeur qui ne cesse d’enfler comme les rouleaux de la mer : Christ est ressuscité ! Nous avons tellement besoin de nous laisser pénétrer par ce message, de nous convaincre que Christ est vivant dans ce monde marqué par cette crise sanitaire qui n’en finit pas de durer, cette crise économique qui frappe durement les plus précaires, cette crise sociale qui s’annonce à l’horizon, ce monde où la peur semble l’emporter sur la joie de vivre, la déprime sur l’espérance.

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Ne sommes-nous pas souvent animés par les sentiments qui habitent ces femmes qui de grand matin se rendent au tombeau ? Elles ont assisté impuissantes à la crucifixion et à la mise au tombeau de cet ami en qui elles avaient mis toute leur espérance. Tout parait fini maintenant. Il n’y a plus rien à faire, si ce n’est peut-être que d’aller se recueillir sur la tombe, pour ressasser, avec nostalgie, les bons souvenirs du passé.

Il n’y a plus rien à faire… Combien de fois ai-je pour ma part entendu cette parole dans des parloirs de prison, où des jeunes, qui savaient qu’à leur sortie ils n’arriveraient pas a retrouver du travail, me confiaient qu’ils ne voyaient pas comment ils ne céderaient pas à l’attrait d’un nouveau délit ! Combien de fois ai-je entendu cette parole dans des cages d’escalier d’HLM où des jeunes se voyaient pris dans l’engrenage de la drogue et ne voyaient d’autre issue qu’augmenter la dose à chaque fois…

Il n’y a plus rien à faire… Combien de fois ai-je entendu ce constat dans la bouche des parents de ces jeunes, totalement découragés après avoir tant fait pour eux…

Il n’y a plus rien à faire… nous contentons nous de dire quand nous nous sentons pris dans l’engrenage des évènements, des démissions et du laisser-aller, de l’injustice et de l’argent, des habitudes et des slogans faciles…il nous arrive si facilement de baisser les bras !

 

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Mais voici qu’en ce petit matin, sur la route, le soleil s’est levé. Voici que la pierre du tombeau a roulé, et pourtant Dieu sait si elle était lourde ! Et, bientôt, dans le matin de Pâques, grâce à ces trois femmes premières témoins de la résurrection, la nouvelle sera sur toutes les lèvres : il est ressuscité !

Comme ces femmes, dans le soleil de Pâques, nous nous apercevons  que le tombeau est ouvert, et non pas clos, qu’il y a toujours dans notre vie des ouvertures possibles, ders projets envisageables. Christ est là qui nous force à nous dire et à croire que rien n’est jamais perdu.

Il nous précède en Galilée, la Galilée des débuts de l’évangile, la Galilée des recommencements… C’est lui qui nous pousse à nous mettre debout, plutôt qu’à ramper… à nous ouvrir à l’autre plutôt qu’à nous murer dans nos solitudes…à nous mettre en marche plutôt qu’à renoncer !

Christ est ressuscité ! Nous ne disons pas qu’il a été ressuscité, comme nous disons qu’il a été enseveli. La résurrection se parle au présent. Proclamer Christ est ressuscité, ce n’est pas faire un constat sur le passé, c’est prendre un engagement pour le présent, pour l’avenir…

Croire en la résurrection, c’est accepter de toujours recommencer, et de façon toujours nouvelle, sans jamais céder à la tentation du découragement ; c’est croire que l’avenir est devant, en refusant, surtout quand les temps sont difficiles comme aujourd’hui, de devenir nostalgiques du passé ; croire en la résurrection, c’est nous engager sur les chemins nouveaux qui s’ouvrent devant nous, c’est être créateurs de nouveaux rapports humains, dans le domaine familial, social, politique, économique… Il serait illusoire de croire que nous pourrons sortir de cette crise sans rien changer à nos modes de vie…Ayons en mémoire les paroles fortes de notre pape François dans ses deux dernières encycliques Laudato si et Fratelli tutti…

Oui, Il ne s’agit pas de discuter de la résurrection, mais d’en vivre…Car on ne prouve pas la résurrection, on ne peut qu’en témoigner

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Les apôtres ont vu le tombeau vide…Ils ont mangé et bu avec Jésus ressuscité, et sont devenus les témoins de la résurrection. A nous aussi, il va nous être donné par l’eucharistie de partager avec lui le repas de l’amour… A chacun de nous de devenir dans notre vie quotidienne ses témoins

Alors sommes-nous prêts à retourner en Galilée ? La Galilée de notre résidence, de notre quartier, de notre école, de notre entreprise ? A deux pas d’ici, il y a un geste à faire que nul ne posera à notre place. Il y a une parole à dire que personne ne prononcera à notre place

Car Christ se taira, si nous ne lui prêtons nos lèvres

Il n’agira pas si nous ne lui prêtons nos mains

Nous sommes tous appelés à faire germer, a faire grandir, a faire vivre cette semence de résurrection déposée ce matin dans le cœur de chacun. Nous sommes tous appelés a vivre avec le Christ en ressuscités….à être dans ce monde qui déprime des porteurs d’espérance.

SOYEZ SANS CRAINTE !

IL EST RESSUSCITE ! I

L N’EST PAS ICI!

IL VOUS ATTEND SUR LES PARVIS !

JOYEUSE FETE DE PAQUES A CHACUNE, CHACUN D’ENTRE VOUS !

 

 

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